vendredi 11 janvier 2013

LE PROFESSEUR MIDIOHOUAN DE RETOUR DE CHINE

Constats amers: la France cache le reste du monde à l'Afrique Francophone, la langue française ne dépasse pas les limites de la France Métropolitaine, la Chine et l'Asie entière se moque de l'existence de l'Afrique, Pékin, Shangai ou Hong-kong, n'ont absolument rien avoir avec Cotonou, qui ploie sous la misère, l'inorganisation, et les ordures..., A travers, ce carnet de voyage, c'est un véritable cri d'alarme que lance le Professeur MIDIOHOUAN, afin qu'une prise de conscience amène le Bénin à voir les grands pas de reculs qu'il pose en s'accrochant à la langue française comme à une bouée de sauvetage. Une solution radicale à la RWANDA, serait peut-être la solution. – avec MIDIOHOUAN Guy Ossito.



En août 2012, j’ai fait un séjour de deux semaines environ en Chine pour assouvir mon désir de voir de mes yeux comment l’on vit dans ce pays qui pèse désormais d’un grand poids dans le devenir du monde. Au cours de mon périple, j’ai pris parfois quelques notes, sans m’imposer cet exercice comme un devoir quotidien.
Je les livre ici comme je les ai gribouillées, sans apprêt particulier, pour le plaisir de partager ces bribes d’impressions.
6 août 2012, 08 heures, Aéroport Paris-Charles de Gaulle/ Terminal 1
Enregistrement plutôt pénible. Aucun signe de Promo-vacances, l’agence qui m’a vendu mon voyage. J’ai l’impression de n’être que du bétail. Décollage à 12 heures pour Frankfurt. Dans l’avion de la Lufthansa, l’équipage ne parle presque pas français. Allemand et anglais en priorité. Quand le chef de cabine s’est décidé, presque à l’improviste, à parler français avec un fort accent allemand, comme un enregistrement trop mécanique, sans âme, on entendit des pouffements de rire dans l’avion.
6 août 2012, 13h, Frankfurt.
Aucune assistance au comptoir transit de la Lufthansa. Devant mon insistance à lui parler français -juste un test consécutif à l’expérience de l’avion qui m’a amené de Paris- une hôtesse particulièrement grossière m’apprend avec brutalité que le français n’est pas une langue internationale. L’aéroport de Frankfurt est l’un des aéroports les plus pénibles que j’ai jamais connus. Aéroport particulièrement vaste. Il m’a fallu marcher pendant plus d’une heure pour trouver la zone C. Aucune prise en charge de Promo-vacances pendant ce transit. Décollage à 18h pour Hong Kong. Après environ trente minutes de vol, l’avion est entré dans une zone de grande turbulence. Nous avons été secoués pendant 45 minutes, comme personnellement je ne l’ai jamais été depuis que je voyage en avion, avec au moins 15 à 20 minutes de vraie frayeur. Le reste du voyage a été plutôt calme. Arrivée à Hong Kong après plus de 10 heures de vol sans escale.
7 août 2012, 10h 30 (heure locale). Arrivée à Hong Kong
Aéroport immense, moderne et propre. Rien à envier aux aéroports occidentaux. On peut même dire que sur le plan architectural, l’aéroport de Hong Kong est d’un design plus moderne, plus audacieux, plus esthétique.
La première impression que donne la ville de Hong Kong est celle de la hauteur, de la jeunesse et de la modernité. Des tours et des tours entre la mer et la montagne. La ville ne laisse pas cette impression de profondeur historique que l’on ressent à Paris, à Londres ou à Berlin.
L’hôtel Hyatt Regency Hong Kong, Tsim Tsa Tsui, est au cœur de la ville, dans un complexe immobilier où s’enchaînent magasins, galeries marchandes, restaurants, expositions, etc. Une ville vivante, commerçante, qui s’illumine la nuit de façon féérique.
Une visite sur l’île de Hong Kong, au point le plus haut de la montagne, sur la plage, dans le tunnel sous la mer, dans le tunnel sous la montagne, me confronte avec le caractère vertigineux de la ville sur le plan physique. Peu d’originalité dans les produits que l’on trouve dans les magasins et les marchés. Pas une très grande différence avec Paris, Londres et New York. Hong Kong est, de ce point de vue, la vitrine du capitalisme occidental. Ici tout est occidental, le mode de vie, les objets de prestige (maisons, voitures, bijoux, habits, bateaux…), la mentalité marquée par un certain snobisme. La plus grande opulence côtoie la plus grande misère. C’est ce que m’a révélé le petit tour  en sampan à travers les habitations flottantes des pêcheurs au milieu desquelles trônent les yachts rutilants de la bourgeoisie locale. Quelle image de l’Afrique ici ? Presque rien. Aucune radio, aucune télévision africaine n’atteint cette rive du monde. L’Asie doit son image de l’Afrique à TV5Monde. Toujours la condescendance et le mépris que nous méritons par notre indifférence aux vrais défis du monde moderne. Ici, on prend réellement conscience que l’Afrique n’existe pas !
La douleur de n’être que francophone
J’ai déjà fait l’expérience du peu de place qu’occupe la langue française en Europe même. De ce côté-ci du monde, c’est pire : « connaît pas » tout simplement ! Même dans les hôtels les plus huppés, il est extrêmement rare de trouver quelqu’un qui parle français. Des guides censés être francophones font arbitrairement l’option de l’anglais dès que leur public comporte quelques anglophones. Il est clair qu’ici aussi le français n’est pas une langue internationale. Il ne l’est que pour les Africains dont la bulle francophone éclate lorsqu’ils se retrouvent face aux réalités du monde contemporain.
10 août 2012. Voyage Hong Kong – Macao en hydroglisseur. Visite de Macao
Environnement physique pas très différent de Hong Kong. Mer, montagnes, gratte-ciel. La vieille ville est assez pittoresque avec des bâtiments de l’époque portugaise. Ma curiosité a été retenue par les ponts sur la mer qui relient différentes parties de l’enclave. J’ai souvent pensé à mon pauvre Cotonou et à son incapacité rédhibitoire à maîtriser ses marécages, sa lagune, sa mer qui menacent sans cesse de l’avaler. Macao est une ville fascinante. Un peu plus de 500 000 habitants (alors que Hong Kong fait 7 000 000 d’habitants). Vitrine du système capitaliste, ici comme à Hong Kong, l’argent est roi. Il est célébré, vénéré. L’homme est à son service. Macao, c’est aussi l’empire du jeu. C’est la première activité de l’enclave. La visite d’un casino m’a laissé partagé entre l’étonnement, la surprise et l’abattement devant une certaine déchéance humaine sous l’empire des illusions les plus tyranniques. Mais paradoxalement, ici tout est beau, habillé d’acier, d’aluminium, de verre et de néon. Tout est clinquant et féérique.
Shanghai
Une ville éblouissante. Il faut venir ici pour prendre conscience de la décadence de l’Europe et de la montée de l’Orient. Il faut venir ici pour voir que pour nous, francophones africains, la France nous cache le monde. Paris à côté de Shanghai, c’est vraiment de la rigolade. La Tour Eiffel, les Champs Elysées, Paris- la ville-Lumière et tout ça, c’est du bluff. L’avenir du monde se dessine de ce côté-ci. Les Européens ont peur de ce qui se passe ici. Ils en sont jaloux. Ils ont tendance à tout dénigrer et c’est là le signe de cette peur devant l’avenir.
La course vers l’enrichissement
Il n’y a pas de doute qu’il y a en Chine, aujourd’hui, une course effrénée vers l’enrichissement personnel. Cela se voit dans la rue à travers le snobisme exacerbé pour les objets de grandes marques. Parallèlement, le niveau de vie global est assez faible et, sous le ripolin clinquant, affleure la misère qui n’est jamais loin. L’écart se creuse entre les riches et les pauvres. Les personnalités politiques et les nouveaux capitalistes issus de leur rang planent au-dessus de la masse qui trime. De nombreux réseaux mafieux permettent aux plus forts d’écraser les faibles par la terreur voire l’assassinat. Ce sauve-qui-peut n’arrange pas l’image du pays : dans l’hôtel où je suis descendu à Pékin (un Novotel 4 étoiles), plusieurs cas de vols d’objets dans les chambres ont été signalés.
Pékin, ville propre
Au cours de ce périple, mon attention a été attirée souvent par la propreté des villes où je suis passé. De grandes villes comme Shanghai et Pékin qui comptent plus de 20 000 000 d’habitants et où les rues sont propres, vraiment propres ; les services d’entretien sont en activité permanente. Pas une poubelle qui déborde. Le paysage urbain est vert et fleuri. Tout est mis en œuvre pour que les arbres poussent droit pour la beauté de la ville (c’est là certainement une niche d’emplois que nous laissons inexploitée chez nous). L’éclairage public fonctionne. Il y a une culture de la lumière et des couleurs qui donnent aux villes de ce côté-ci du monde (j’ai eu à observer, il y a quelques années, la même chose en Corée du Nord), leur caractère typique.
Comment ne pas penser à Cotonou, ce cloaque qui prétend « vivre l’excellence dans la solidarité », à ses artères défoncées, à ses ordures étalées, à sa saleté triomphante, à ses jardins souffreteux, à ses arbres qui poussent au petit bonheur la chance, à ses rues non éclairées…
Nos motos chinoises ne circulent pas en Chine
C’est au cours d’une promenade en cyclo-pousse dans le Pékin des « Hutong » que je me suis dit que j’aurai finalement pris au cours de ce périple presque tous les moyens de transport : avion , voiture, autobus, hydroglisseur, train (j’ai fait le trajet Shanghai-Pékin en train de nuit, départ 20h, arrivée 7h), métro, vélo… Cette idée m’a fait noter que je n’ai rencontré dans les rues aucune des motos chinoises qui circulent par millions chez nous en Afrique. Les Chinois eux-mêmes, dans leurs déplacements intra urbains, délaissent de plus en plus le vélo pour le scooter électrique peu bruyant, peu polluant. Souci d’environnement et de qualité de vie. Mais pourquoi donc nos commerçants n’importent-ils pas chez nous ces scooters et ces motos nouvelle génération ? En Afrique, nous n’avons encore aucun souci de l’environnement et de la qualité de vie. Les Chinois le savent et respectent notre ignorance désinvolte. Vivent les affaires ! Et tant pis pour les hommes !
Le tourisme en Chine
J’ai observé avec beaucoup d’intérêt le soin apporté par l’Etat à l’organisation des circuits touristiques en Chine, combinant méthodiquement des secteurs de l’économie nationale comme l’administration, le transport, l’hôtellerie, la culture, le commerce, l’artisanat d’art, l’artisanat de luxe (soie, perle, thé, etc.), les arts du spectacle, la restauration, les agences de voyage, de traduction et d’interprétation… Tous les atouts du pays sont valorisés afin d’attirer les visiteurs qui -cela a été une impression très forte- coulent à grands flots continus sur tous les sites touristiques. C’est dire l’importance des ressources que l’Etat tire de ce secteur du tourisme et dont l’investissement judicieux (rénovation, embellissement, accessibilité, recherche, conservation) permettra un développement plus important à l’avenir. La Chine, un pays de vieille civilisation, riche, grandiose. L’histoire de ce pays est marqué par la grandeur, la force, la beauté. La splendeur de certains  sites comme les jardins de la ville de Suzhou, l’armée de soldats en terre cuite de Xi’an, la Grande Muraille, la Place Tian An Men, la Cité Interdite, le Palais d’Eté, les treize tombeaux des empereurs Ming donnent une idée de ce que fut l’ambition des empereurs pour la Chine. Il faut avoir cela à l’esprit pour aborder le futur. La Chine du présent et du futur voudrait être plus grande, plus belle, plus humaine. C’est là le défi. Un espoir formidable pour l’humanité.
Comment les Chinois voient les africains ?
Je l’ai senti, ce regard qui dans les rues et sur les sites touristiques me transperçait, me pourchassait, m’écrasait, m’étouffait. Le tourisme intérieur est particulièrement développé. On compte en général plus de touristes chinois que de touristes étrangers. Des masses d’ouvriers et de paysans venant de différentes provinces sont déversées sur ces sites. Pour la plupart des gens qui ne sont jamais sortis de chez eux ni ne connaissent rien du monde. Le nègre n’est pour eux que l’incarnation vivante de leurs préjugés qu’ils manifestent à travers leurs regards hébétés, leurs apartés moqueurs, leur maintien hypocrite, leurs éclats de rire vite réprimés. J’ai très vite compris que si je me laissais faire, je deviendrais le véritable centre d’attraction des sites touristiques où je me trouvais. Tous les appareils photos et les caméras se tournaient subitement vers moi comme si j’étais une curiosité. On faisait converger vers moi les mômes juchés sur les épaules de leurs parents qui les tenaient solidement. J’ai souvent dû réagir avec autorité pour apprendre à tout ce monde à se tenir. La politique et l’économie semblent plus développées que l’esprit qui souffle dans ce grand pays, qui reste mesquin, qui a besoin de s’ouvrir au monde pour prendre un peu d’oxygène. 

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