dimanche 24 juillet 2016

Roger KOUDOADINOU clique sur les palliatifs à l’ascenseur descendant de l’éducation béninoise!


Les Editions Plumes soleil font leur incursion dans le monde universitaire béninois et s'y installent avec la découverte d'enseignants, non seulement rompu à la tâche éducative mais aussi et surtout attentive aux maux
qui gangrènent ce système censé être la priorité numéro 1 du gouvernement.
Avec Curseurs curatifs à système éducatif dévasté, Roger Koudoadinou puisque c'est de lui qu'il est question énumère en 10 points cardinaux, les solutions idoines pour arrêter cette saignée abondante dans ce pays longtemps resté quartier latin de l'Afrique.
Nous proposons aux lecteurs ici les deux paratextes qui encadrent de façon magistrale ce texte comme pour rehausser l'éclat qui est le sien.

Anicet Fyoton MEGNIGBETO

PRÉFACE

 

Le parcours intellectuel d'un individu rencontre parfois des choses qui le ter­rorisent, qui l'épouvantent. C'est l'histoire des Curseurs Curatifs qui ont le dessein illuminateur de faire tomber sur moi leur onzième mem­brane en cette période de fin de règne. Vous imaginez l'émoi dont j'ai été saisi à l'annonce de mon élection aux suffrages pour devenir préfacier de cet essai de Roger Koudoadinou, ce merveilleux orateur dont le Bénin exige quelques prestations de la plume pour se soigner. Je semblais vaincu d'avance parce que me croyant dépourvu de tournures pour lancer un livre de ce Professeur qui semble faire le pari de ne jamais dire la même chose comme tout le monde. Mais l'éducation qui est le couloir choisi par les dix curseurs me rassure puisque ces curseurs ne sont pas desti­nés à me crucifier mais à constater la putréfac­tion d'un système dont les acteurs ont raboté consciemment les principes proclamés par eux-mêmes.
Par cet essai, Roger, doté d'une intelligence stupéfiante et d'un courage hallucinant, sonne le tocsin en venant au secours de l'éducation béninoise avec le plus affreux contraste : l'es­thétique du tableau noir qui, au lieu de recevoir de la craie blanche pour un contraste de toute beauté, n'a reçu que du noir. Et les auteurs de cette peinture sans nom sont connus. Ils s'appellent Enseignants et administration par trop centralisée, déréglée par une charpente organisationnelle désarticulée et illisible, géné­ratrice de corruption, productrice et gestion­naire de grèves avec des mesures de rétorsion classiques transformatrices de grévistes en Sisyphe heureux. Charité bien ordonnée com­mence par soi-même.
Dans cet essai kaléidoscope, l'auteur fait le point sur la part négative de sa profession qui a fait écho à la loi du nombre sans qualité dans l'indifférence glacée d'un Conseil National de l'Education (CNE) bloqué dans ses cavernes,-malgré les éclairs de lucidité de ses membres plutôt étrangers et contrariés dans ce cercle. Qu'ont-ils à corriger sinon des enseignants en quantité plongés dans un rêve de nomination militante face à des apprenants en quantité ? Et ils pissent à l'unisson sur la compétence. La fonction enseignante est transformée en gardiennage d'enfants déformés dont le for­matage requiert une autre compétence rare dans cette oasis. L'auteur n'oublie pas de faire constater les insuffisances au niveau des corps d'encadrement dans tous les ordres d'ensei­gnement.
Curseurs curatifs sort de l'éducation contre l'éducation, le domaine de prédilection de son auteur. Homme du dedans, il se place en dehors de ces perversions et cela est fécond. Spectateur engagé, la parole et la réflexion sont ses armes. A la manière d'un juge, il pro­nonce une sentence qui a accablé toutes les dérives ; la gratuité propagandiste a disqualifié l'école béninoise dont les centres de formation sont largement insuffisants ou simplement sans spécifications appropriées. Dans ce bouillonnement de faits inacceptables, Roger garde sa liberté de jugement en même temps qu'il contrôle ses invectives et sacrifie aux devoirs d'équilibre dont l'intellectuel a besoin pour remplir ses tâches. Il n'a pas compromis la vision exacte d'une réalité. De cette réalité, nous n'avons pas reçu des curseurs qu'une lecture anxiogène.
Les curseurs ont dénoncé le mal et contri­bué à sa guérison. A chaque diagnostic, cor­respond son ordonnance. A l'émiettement de l'organisation, il propose un regroupement pour l'avènement d'un système véritable qui imprime la vision systémique dans tous les dis­positifs d'accueil et de formation. Ici s'inter­rompt le littéraire qui n'a pas oublié de placer la lecture au cœur du relèvement des esprits. Le consultant monte en surface. L'école béni­noise, en consultation chez Roger Koudoadi­nou, « l'éducothérapeute », est sortie avec dix curseurs diagnostic et remèdes pour une bonne gestion du système éducatif béninois.
Mais avouons-le, le consultant de l'édu­cation démontre, après cinq curseurs que la rampe de lancement demeure le livre et la lecture. Il tente de tapoter ses réponses aux questions de l'éducation avec ses cinq derniers curseurs constituant une machine spécialement aménagée qui garde toute sa validité malgré la furie dévastatrice des oligarchies politiques de chez nous. Le curseur passe du théâtre à la lecture en glissant sur les icônes galvanisantes comme Nelson Mandela et Mongo Béti, pour atterrir avec le leitmotiv : littérature pour la célébration et la jouissance par la plume libre de l'ordte édu­catif nouveau peut-être encore incertain avec les rupteurs enthousiastes.
Inspecteur Bertin Toliton
Directeur Général Adjoint de l'Institut National d'Ingénierie de Formation et de Renforcement des Capacités des Formateurs (I.N.I.F.R.C.F.)



POSTFACE
Marius Dakpogan

Professeur de Lettres

Président-Fondateur de l'Institut Supérieur de Formation Professionnelle (I.S.F.O.P.)

Enfin, de vraies solutions aux maux de l'école béninoise !  
La loi N° 2003-17 du 11 novembre 2003 modifiée par la loi 2005-33 du 29 août 2005 portant orientation de l'éducation nationale en République du Bénin dispose en son article 1er que l'éducation est la première des priorités nationales.
La mise en œuvre progressive de la gratuité de l'école publique, mesure du reste très appréciable, semble créer plus de problèmes qu'elle n'en résout. En effet, la gratuité a orienté vers les écoles, les collèges et les universités publics un très grand nombre d'apprenants et les maigres subventions allouées par l'Etat arrivent avec tellement de retard que les directeurs ne savent où donner de la tête alors qu'à l'université, dans certaines entités, les cours se déroulent de façon chaotique par quinzaine. Il s'ensuit une baisse remarquable des  performances pédagogiques dans ces établissements publics aux effectifs très pléthoriques. Pire, il se produit actuellement au niveau de l'école béninoise, un phénomène bizarre : la présence permanente des apprenants à l'école, tous les jours de la semaine, en l'occurrence, les mercredis après-midi, les samedis toute la journée et même les dimanches et les jours fériés.   Désormais   dans la tête des apprenants, plus aucune place n'est réservée aux divertissements et à la régénérescence du cerveau. La recherche effrénée et malheureusement vaine du succès oblige à soumettre les pauvres enfants à un bachotage sévère dont les menus principaux sont les multiples T.D. (Travaux Dirigés) et les interminables cours de rattrapage, de l'école primaire à l'université. La pédagogie de la tête pleine ne peut engendrer que des cancres et c'est à cela que s'active aujourd'hui, l'école béninoise qui confond excellence et abrutissement. Or, il est de notoriété publique que les meilleurs élèves qui deviennent des citoyens bien formés, sont généralement ceux qui ont bénéficié tout au long de leur cursus, d'un enseignement méthodique, équilibré, alternant judicieusement études, plein air et vie associative.
Faut-il encore le répéter ? L'école béninoise traverse actuellement une grave crise. Engendrée depuis la fameuse révolution de 1972, cette crise qui avait commencé par trouver un début de solution avec l'ère du Renouveau démocratique a encore sombré dans l'abîme avec l'avènement du Changement pour finalement descendre aux enfers avec la Refondation. Les facteurs qui ont concouru à cette aggravation de la crise de l'école sont de plusieurs ordres et sont persistants à cause de l'incapacité des Gouvernants à cerner méthodiquement les problèmes de l'école béninoise et à leur apporter en temps opportun, des solutions satisfaisantes. Ainsi, moins d'un an après son accession à la magistrature suprême, le président de la République, le Docteur Boni YAYI, très enthousiaste, organisa du 12 au 16 février 2007, le forum national sur le secteur de l'éducation, forum qui obtint l'adhésion de tous les usagers de l'éducation. Dans son allocution d'ouverture, le Président de la République, conscient de la gravité de la   crise qui secoue le système éducatif national, plaidait pour que le forum apportât des solutions idoines à sa résolution. Malheureusement, comme c'est souvent le cas dans notre pays, les résolutions furent oubliées dans leur ensemble et les ACTES DU FORUM chèrement édités devinrent de simples documents d'archives.   Puis subitement en 2014, comme sorti d'un profond coma, le Gouvernement décida de la tenue d'un second forum sur l'éducation nationale. En réplique à cette décision, je publiai dans le quotidien FRATERNITE N° 3580 du mardi 08 avril 2014, un article intitulé : « Deuxième forum sur l’éducation nationale: un nouveau déploiement stérile » ? Dans cet article, je fis le point de la situation de l'éducation dans notre pays puis je conclus en dénonçant l'organisation inopportune d'un second forum qui assurément ne pouvait rien apporter de nouveau à l'amélioration du système éducatif national.   Mes propos   ne purent hélas arrêter la machine gouvernementale. Le second forum qui eut lieu, du 17 au 19 décembre 2014 ne fut malheureusement pas une originalité. A la date de ce jour, les actes dudit forum attendent encore d'être publiés. Le seront-ils enfin alors que ses initiateurs sont en train de finir leur mandat ? Constatons donc qu'un permanent déploiement stérile d'énergies, d'improvisation, de pilotage à vue et de gabegie sur fond de clientélisme et de corruption ruinent continuellement les attentes des populations condamnées à se contenter d'un système éducatif délabré.
Et voilà que surgit de l'ombre, un jeune enseignant qui monte au créneau pour proposer des Curseurs curatifs à un système éducatif dévasté. Ce jeune enseignant a les capacités intellectuelles nécessaires et un parcours professionnel requis pour prendre efficacement part au débat, ou mieux, s'installer dans l'arène parce que ses propositions sont justes, pertinentes et édifiantes.
Cet ouvrage qu'il dévoile au public est, à mon avis, semblable au Petit livre rouge de Mao Tsé-Toung qui indiqua à la grande Chine, le chemin d'un développement authentique dont nous vivons aujourd'hui le succès.
II me tarde donc de voir nos gouvernants découvrir, lire, oui, lire au moins et réaliser la qualité des solutions que propose cet essayiste : de puissantes idées d'un éclaireur, d'un visionnaire.
Je crois fermement et espère fortement que les dirigeants de notre pays, s'ils ont le réflexe de s'intéresser au contenu de ce Petit livre rouge, travaillerons plus efficacement à sortir de l'abîme, notre système éducatif national... dévasté. Curseurs curatifs  à un système éducatif dévasté de Roger Koudoadinou est une réflexion qui vaut bien des forums.
 






jeudi 14 juillet 2016

Dieu n'est pas là-bas de Abalo Cocou Medagbé:



Au delà de l'aventure ambiguë de Cheik Amidou Kane




Au détour d’une visite rendue à l’un des hommes de la Grande Muette , hauts  gradés de l’armée béninoise qui ont pour hobby, les Lettres- je veux nommer le Capitaine Kuika Jean-Claude qui publie en 2015 Les mamelles du Soleil chez Plumes Soleil-, je découvre Abalo Cocvou Medagbe. Un journaliste écrivain, me dit-on, qui vint discuter de sa nouvelle parution avec le Capitaine et qui projetait faire une présentation au grand public. Civilités d’usage ; et par amitié, nouvelle, je reçus un exemplaire du roman en cadeau. On se sépare avec l’espoir qu’une fois le lancement programmé, je puisse recevoir mon invitation comme tout autre.
Seulement voilà ; par un coup de fil inattendu, un matin, j’apprends à mon insu et à ma grande surprise que je devais avoir la grande responsabilité de présenter Dieu n’est pas là-bas. Un titre aussi énigmatique que controversé. Enigmatique à cause du sujet de la phrase « Dieu «, l’Etre Suprême qui unit les hommes en même temps qu’il les divise ; controversé  à cause du locatif « là-bas » ! Là-bas par rapport à quoi ? Là-bas par rapport à qui ? Ici bas ? Là haut ? Chez les vodouisants ? Avec les religions importées ? Et parmi celles-ci, lesquelles ?
Voilà la grande problématique autour de laquelle nous convie Abalo Cocou Medagbé. Dieu, Maître de l’Univers, Où se trouverait-il ? Chez qui ?
Mais avant de de proposer mon approche de réponse à cette double interrogation existentielle qui revient au quotidien chez les êtres humains comme le mouvement des vagues contre les rochers de mer, permettez-moi de dire ce qu’il en est du contenu de l’œuvre.

Résumé de l’œuvre

Le récit s’ouvre sur l’un des héros du roman : Worou Isalè. Un personnage présenté à la tâche dans son champ après des années d’aventures et de mésaventures à travers l’Afrique mais avec pour base, Lagos au Nigeria, comme pour « cultiver son jardin » à la Voltaire.
Comme par analepse, le narrateur rappelle ce qui a conduit ce vieux quinquagénaire, de son village d’Alafiarou pour faire fortune à l’étranger, à cette déchéance, physique, déchéance morale, déchéance sociale, puisque banni de sa communauté.
Worou Isalè était devenu par la force des choses un puissant chef de bande que même la Police craignait ; tellement ses pouvoirs mystiques que lui conférait Queen Osofo, son épouse sont immenses et incommensurables, de telle sorte qu’il est surnommé Atègoun : le vent. Worou Isalè défiait tout, se transforme en ce qu’il voulait avec pour but de tromper la vigilance des forces de l’ordre, volant, violant, pillant, assassinant tout sur son passage. Malheureusement pour lui, un Policier nommé Oyédélé Gaba, se prépara en conséquence pour venir à bout de lui et des ses puissances mystiques. Même le fait de se transformer en bébé tétant sa femme devenue mère circonstancielle, en image inerte ou en chat, n’ont pu arrêter le flic qui réussit à mettre définitivement la main sur lui grâce à la complicité de sa femme. Il écope d’une condamnation à perpétuité, mais bénéficie d’une grâce présidentielle, après trois décennies derrière les barreaux. C’est de retour de ce périple nigérian où il avait pu bâtir un géant et immense empire, démantelé comme un château de cartes et mise en quarantaine par ses parents qu’il se retrouva dans ce champ avec un autre, tout aussi nuisible à la société, Kadiri Ogobou, alias Okoiko.
Un dimanche, à l’insu de son ami, Worou Isalè rentre dans une église. L’église nommée Le Gospel Live International du pasteur Pascal Hounsounvikpo. L’entrée en scène de ce personnage, fera s’éclipser progressivement Atègoun, à qui il se substitue en tant qu’héros. En effet, c’est avec sourire et fierté que Pascal présenta la conversion de Worou Isalè et d’Okoiko, comme un exploit, un miracle que seul Dieu pouvait faire à travers sa personne.
Désormais célèbre grâce à cette prouesse, le pasteur vit son église s’emplir, tellement qu’il programma, à renfort publicitaire, une séance d’évangélisation et de guérison miraculeuse. Une séance annoncée comme divine, unique. Les handicapés de tous acabits accoururent de toutes les régions, qui accompagnés, qui seuls, qui chargés sur la tête, qui dans une bassine, qui trimballés par terre. Seulement voilà. Le miracle tant attendu n’eut jamais lieu. Après les animations des choristes, le one man show des pasteurs, et surtout la quête volontaire mais chaudement recommandés, le moment était arrivé de recevoir les bénédictions salvatrices. Il s’est posé la question de savoir qui devrait être béni en premier. S’ensuit une bousculade grandiose qui mit fin à la cérémonie en queue de poisson.
Ensuite, Le pasteur, du retour d’une séance d’évangélisation, entendit à 3 h du matin, des chants et danses, provenant de la rivière. Curiosité pour curiosité, il décida d’aller détruire l’esprit satanique qui troublait la quiétude de paisibles citoyens. Mais mal lui en pris. Il disparut, ouvrant une autre intrique dans le récit.
Après un mois de recherche vaine, de prière autour et dans l’eau, où la rivière a même été vidée de son contenu, les pasteurs résignés, décidèrent de rentrer en négociation. Dame Iya Zéka Odjo Zéka, finit par les recevoir. Réticente au départ à cause de l’arrogance et de l’irrévérence des pasteurs, Iya Zéka eut pitié de la mère de Pascal. Elle délibère et condamne Pascal  à revenir parmi les siens mais en adepte du Tchapananan, le vodoun Sakpata. Consternation, colère et menaces. Mais toutes les propositions en substitution à la conversion de Pascal, sont restées vaines. Iya Zéka organise la cérémonie de sortie de Pascla, en présence des Pasteurs curieux. Pascal, devenu Omon Ilè, revient tellement puissant qu’avec les recettes qu’il indiquait, les malades qu’il na pas pu guérir en tant que Pasteur, ont pratiquement tous eu la guérison. 
Malgré la colère de dame Ayélé, belle mère de Pascal, sa fille va rejoindre son mari et sera faite successeur de Iya Zéka, avec le même degré de puissance qu’elle. Sa mère qui n’eut cru rien en a subi les revers, en compagnie des Pasteurs qui périrent, déroutés et perdus dans une forêt.

Voilà le récit long que nous sommes invités à décortiquer.
1-     

Un récit à la fois fantastique et tragique.

Abalo Cocou Medagbe a eu recours abondament au fantastique pour construire son récit étalé sur 216 pages et subdivisé en treize chapitres. Avec un narrateur hétérodiégétique, le texte offre, une littérature à tonalité multiple mais ce qui frappe au premier abord, c’est le fantastique.
D’abord avec Worou Isalè. Son surnom le vent, est indicateur est révélateur de ce qu’il était capable de réaliser. Un être humain qui arrête les balles et les croque narguant ainsi ses bourreaux. Un homme qui se transforme en bébé ou en chat ou en fourmi.  Le Chief Gaba aussi a dû rentrer dans ces pratiques fantastiques avant de venir à bout de lui. C’est ainsi que lui-même s’arrosait régulièrement la tête d’œuf cassé.
Ensuite, chez les adeptes du  vodoun Tchanpanan. Il est dit que le bruit qu’entendit Pascal pour se rendre dans la forêt, se faisait par des adeptes fictifs. En réalité, la cérémonie avait été organisée plusieurs jours auparavant. Donc ce sont les échos de cette cérémonie qu’on entendait. Il n’y avait donc personne à rivière au moment où Pascal s’y rendait. Pourtant il disparut. Ensuite, lors de la cérémonie de sortie et avant, les adeptes du Tchankpanan étaient plongé dans la rivière et revenaient, la seconde d’après avec plusieurs cicatrice sur le corps et des cauris. Mieux, Pascal indiqua une recette à Iya Zéka qui guérit tout.
Ce fantastique soit se comprendre par l’irruption brusque dans un monde réel, du surnaturel, doit se comprendre sous deux aspects. Les exploits de Worou Isalè d’un côté et les prouesses des adpetes du Tchanpanan de l’autre.
Ce que l’on pourra prouesse de Worou Isalè, est égoiste et nuisible à la société. Atègoun était un hors la loi, un marginal de la société qui se construit sur les cadavres des autres. C’est d’ailleurs contre ce genre d’individus que les pouvoirs marxistes léninistes ont maladroitement lutté en Afrique aux lendemains des indépendances. Emmanuel Dongala rapporta dans sa nouvelle Jazz et vin de Palme comment un vieux était traité de réactionnaire parce que pouvant faire tomber la pluie quand il voulait ou pouvant se transformer en papaye pourrie pleine d’asticot ou encore en boa constrictor. Le professeur Kpogodo, s’appuyant sur le cas particulier du Bénin dans un article intitulé « Les chiens se jettent à genoux » indiqua une lutte pareille sous la Révolution de Kérékou.
L’échec de Worou Isalè est donc prévisible et positif pour la société. Ce genre de pouvoir chez un hors la loi, la société serait en permanence danger. C’est pourquoi, certainement, malgré toute sa démonstration et résistance, l’on doit se réjouir que ce pouvoir fantastique ne puisse perdurer chez lui.
La mort de Okoiko rentre également dans cette même vision. Son pouvoir de nuisance, n’a d’égal nulle part.  Ami proche, parent, même ses propres enfants devait subir sa foudre. Il devrait mourir malgré cette reconversion, une reconversion même hypocrite où il caha au Pasteur une bonne partie de ses gris-gris. 
Par contre, avec Iya Zéka et Pascal Omon Ilè, les pouvoirs étaient destinés à faire du bien. Loin d’être nocif, ils sont ici mélioratifs. La preuve, quand le Prophète Godwin, s’était énervé et claqua la porte chez Iya Zéka, celle-ci, malgré sa colère, dut boire de l’eau fraîche pour ne pas faire du mal. Pascal a pu guérir abondamment. Il a juste vu un essaim d’abeille et a su que sa belle -mère était en danger. Est rentré juste dans une case et s’est retrouvé dans la forêt où des heures durant les pasteurs se perdaient. Même les morts des gardes de corps gorilles de dame Ayélé, ne peuvent être considérés ici comme péjoratives puisqu’elles interviennent afin que Chantal, ne fût point vaincue.
Aussi, devons-nous comprendre que si les Pasteurs étaient détenteurs du 1/3 des pouvoirs des pouvoirs d’Iya Zéka, ils auraient détruit l’humanité. A commencer par les adeptes des autres religions surtout que Dieu n’est pas avec eux. Le fait de les priver de pouvoir de guérison est révélateur de leur intention n’est pas pa a priori bonne. Comment comprendre que Dieu qui créa son monde, puisse autoriser les uns à nuire en son nom aux autres.
Le tragique qui intervient à maintes reprises est donc la conséquence logique du fantastique selon que l’on l’utilise dans le bon sens ou le mauvais.
Ainsi, l’on doit pouvoir comprendre avec Abalo Cocou Medagbé que le monde est fait du visible et de l’invisible. Et même si le monde invisible domine le monde visible, le mal ne triomphe jamais. Il s’inscrit dans le temps alors que le bien s’éternise.
2-    L’espace et le temps, un monde de liberté d’action et de liberté.
« Le voyage comme déplacement dans le temps et dans l’espace est à considérer comme un espace temps de recomposition de l’identité. » Cette citation de l’universitaire français Nicolas Treiler, nous révèle la véritable portée  de l’espace et du temps dans Dieu n’est pas là-bas.
L’espace est ouvert, très ouvert même puisque Worou Isalè a pu quitter Alafiarou allègrement pour aller au Nigeria. Même la prison là-bas n’aura été que temporaire. Pascal a pu faire le tour du Bénin, est parti de Porto-Novo pour le Canada, a pris par chez ses beaux parents au Togo, a circulé dans la région de Tchaourou sans limites. Cette ouverture, de l’espace installée dans un temps libre, une ère nouvelle, un temps visiblement postcolonial, où le pouvoir central restait laïc, ce Bénin, des années 1990 où le marxisme léninisme était aboli et où le Renouveau démocratique battait son plein, permet d’agir et de s’exprimer.
L’action ici concerne dans un premier temps Worou Isalè. Librement, a pu exercer ses activités illicites au Nigeria avec une option de vie, librement, il est revenu dans son Tchaourou natal, avec comme option, Dieu. Un peu comme pour dire qu’il était absent de tout ce qu’il faisait auparavant.
Ensuite, Pascal Housounvikpo, devenu Omon Ilè. Cette quête du savoir et de Dieu l’a amené à quitter Porto-Novo, a pu séjourner au Canada où l’on l’initie au Gospel Live International. Avant d’atterrir à Alafiarou, où il devrait exercer en tant que Pasteur.
L’espace à ce niveau est aussi initiatique. En réalité, pourquoi de toutes les régions du Bénin, c’est Tchaourou qui accueillit Pascal. Pourquoi l’affectation n’a pas amené une autre personne mais lui particulièrement. Une sorte de prédestination est là pour lui et l’énormité des pouvoirs qu’il a acquis en témoigne. En réalité, l’analyse peut nous amener a indiquer que grâce à ses connaissance biblique antérieures, Pascal a su surpasser les connaissances des adeptes simple du Tchankpanan. Il n’est pas devenu puissant ex nihilo.
Tout ce voyage effectué au Bénin et outre manche avait donc un objectif : la quête de l’identité. Pascal était à la recherche de lui-même. Ainsi de nombreuses personnes qui errent longtemps avant de se retrouver. Leur être est dans endroit diamétralement opposé aux leurs et il comme l’a fait Pascal, immersion totale, un passage obligé pour se retrouver. Les deux autres pasteurs n’ont pas voulu accepter cette réalité. Mais Pascal Omon Ilè est décrit comme un être heureux dès qu’il a pu retrouver son identité. L’espace et le temps fonctionnent ici ainsi comme une catharsis, indispensable à la recherche du bonheur des autres et des autres

3-    Au-delà de l’Aventure ambiguë de Cheik Hamidou Kane.

A la fin de la lecture de ce texte, on se rend compte que Abalao Cocou Medagbé a pris une option. Son ouvrage fonctionne comme un roman à thèse, un peu comme L’aventure ambiguë de Cheik Hamidou Kane. En effet, après s’être moulé dans trois éducations différentes, traditionnelle, musulmane, occidentale, Samba Diallo, personnage principal de l’œuvre est complètement perdu. Dans ce doute, il ne sait plus s’il doit suivre les recommandations, de son maître Thierno, celles de ses ancêtres les Diallobé ou celles occidentales marquée par l’esprit cartésien de Descartes. Peu-on avoir connu Descartes et s’agenouiller devant un cadavre honorant la mémoire d’un être fut-il son maître autrefois ? Samba se laissa tuer par un fou. Mettant ainsi fin à ce tourment, ce tiraillement culturel.
Mais loin de tuer les deux héros de ce roman, Abalo Cocou Medagbé les as sauvés. Worou Isalè de la voie du mal vers les religions révélées, mais comme si celles-ci manquaient d’authenticité ou de poigne, il en sort Pascal pour faire de lui un adepte du Tchakpanan. Ce sauvetage successif et graduel est signe de l’objectif visé par l’auteur. Rester authentique. Ne pas chercher à voir en l’autre un démon en se peignant comme l’incarnation de Dieu.
Au moment où, Pascal et les deux autres prophètes proclamaient que « Dieu n’est pas là-bas », Iya Zéka qui incarne cette religion traditionnelle, recevait prêtes, imans et religieuses chez elle. Elle leur offrait même des spectacles de danses. Elle affirme avoir une connaissance assez profonde, non seulement de la Bible, mais aussi du Coran. Elle, est restée ouverte. Mais pourquoi les autres ne lke seraient-ils pas envers elle.
La perte de Dame Ayélé, mère de Chantal et des deux pasteurs peut être comparée à cette mort de Samba Diallo. Perdue dans ce qu’il fallait finalement croire. Samba Diallo influencé par ses études notamment Descartes qui lui indique dans Les méditations métaphysiques que : « le rapport entre dieu et l’homme est un rapport de volonté à volonté. Peut-il y avoir un rapport plus intime ? » p.116. Mais Dame Ayélé et les Pasteurs, n’ayant pas su intégrer ce rapport en eux, ont été surpris et déboussolés par la puissance de paroles et d’action de ces pratiques classées démoniaques, pis, exercées par quelqu’un qui le considéraient telles dans un passé récent. Et Pascal, Omon Ilè, était en mesure de les sauver. Il suffisaitt que l’un parmi eux lève le petit doigt. Ce trouble psychologique, ajoutée à toutes les tribulations, les humiliations subies depuis leur déroute et leur errance dans la forêt, font reconnaitre à Dame Ayélé la supériorité de la force de Pascal sur le supposé Dieu auquel, elle croit. Elle bénit sa fille, alors qu’elle venait la délivrer du démon. Elle lui envoie toutes les bénédictions maternelles, mais, elle ne pouvait plus admettre publiquement la supériorité de la puissante d’un Dieu qui n’est surtout pas là-bas par rapport à un Dieu auquel elle a toujours cru, auquel elle a toujours voué un culte sans pareil. Ainsi des  deux prophètes. A commencer par Samuel qui fait son pari Pascalien : « si vous gagnez, vous gagnez tout. Si vous perdez, vous ne perdez rien. » et qui ne démords pas. Pascal Omon Ilè, n’est plus des leurs. Il ne voit plus le monde de la même manière qu’eux. Pour cette raison, rien de ce qu’il pourrait faire ne pourrait inspirer confiance. C’est le seul des trois personnages à rester fidèles à lui-même. Et cette fidélité, l’a conduit à la mort. Un coup sec, asséné par Dame Ayélé pour l’obliger à être sauvé par le démon Pascal.

Conclusion, une nécessaire dialogue interreligieux. Lorsque vous avez la conviction d’avoir trouvé votre dieu chez vous et non là-bas, ayez l’amabilité de reconnaître que de la même manière, le voisin, l’ami, le frère, le père ou la femme, peut avoir cette même conviction ailleurs. Seul dans le dialogue et le respect de l’autre, nous arriverons à bâtir un monde de paix. Car quand on oblige tout le monde à apprendre une nouvelle vision de la vie,  « peut-on apprendre ceci, sans oublier cela. Et ce qu’on apprend vaut- il ce qu’on oublie ? » L’aventure ambiguë. p. 44.
L’Etat Islamique, Boko Haram, les Shebabbs somaliens, les Djihadistes du Nord Mali etc…devrait le comprendre et baisser leur garde. Dieu, peut-il lui-même autoriser les enfants qu’il a faits a son image à s’entretuer ?
Dieu n’est donc nulle part. En même temps qu’il est ici, il est aussi là-bas, ailleurs, partout. Chez le musulman comme chez le chrétien, chez le vodouisant comme chez le  juif.
Anicet Fyoton MEGNIGBETO
Enseignant de Lettres