Redonnez-moi mon nom !
Je ne suis pas
Eustache Prudencio, mais je pense qu’au stade où on en est, tout Béninois est
en mesure de reprendre haut, le titre de ce poème du regretté poète.
Redonnez-moi mon nom, ou du moins redonnez à ce pays son éclat, d’entre temps.
Non, le Bénin,
Dahomey d’alors connu pour la bravoure de ses rois, Béhanzin, Bio-Guerra, dont
les renommées dépassent largement les frontières du pays, ne peut pas en être
là. Qu’avons-nous fait au sort pour mériter tant d’humiliations de la part de
nos politiciens, tous pareils, incapables, malicieux, experts dans l’art de
rouler tout le peuple dans la farine ?
Quelle est cette
histoire qui défraie la chronique et qui fait du Béninois la risée de tant
d’amis à l’extérieur ? Toujours la tête haute parce que fier de son pays,
c’est avec la tête bien basse que le Béninois tente désormais de regarder les
autres, parce qu’hier, c’est lui qui traitait les autres peuples d’immatures,
d’inconscients ayant élus des dirigeants mafieux, des hommes politico-religieux
qui installent des nébuleuses dignes des far-West américains au sommet de
l’Etat.
Qu’est-ce qui nous
arrive ?
Quartier latin
d’Afrique, pour avoir formé les premiers cadres des pays de la sous région au
côté du colon, en témoigne Les soleils
des indépendances d’Ahmadou Kourouma, nous étions, c’est vrai très mal partis
depuis les indépendances avec 12 coups d’Etat de 1963 à 1972. Traités de
l’enfant malade de l’Afrique, nous avons pu vaincre les 17 ans de dictature de
Kérékou. La détermination du peuple, affamé, torturé, lynché, tué… a fini par
vaincre la volonté de ce marxisme léninisme, bon dans la théorie mais
catastrophique dans la pratique.
Une lueur, une
toute petite lueur est apparue en 1990 avec une conférence des forces vives et
un renouveau démocratique. Cinq ans où même si tout n’était pas rose, le peuple
a pu respirer. Redémarrage des activités dans tous les domaines :
économique, éducatif, culturel…
Seulement comme l’a
indiqué le Professeur Kpogodo dans son article intitulé « les chiens se
jettent à genoux », on nous
rappelle à chaque fois que pour n’avoir pas voulu porter notre nom de départ,
nous avons voulu que notre pays soit « bénin » c’est-à-dire « quelque chose de négligeable ».
Nous avons l’esprit rabougri et refusons de faire croitre le pays. Rien de bien
grand ne peut nous arriver, car, la grandeur, nous y sommes réfractaires.
Prenez juste
l’exemple sur le football. Alors qu’on a fait deux CAN, et qu’un championnat,
professionnel est organisé pour la première fois dans le pays, on se retrouve
subitement juste après un an d’expérience à une guéguerre entretenue et
soutenue par des hommes d’affaires douteux, au crâne rasé qui se revendiquent
très proches du Chef de l’Etat.
Pire, sur le plan
culturel, alors que plusieurs prix ont été remportés par le ballet national sur
le plan mondial, le site réservé pour construire le théâtre national a été
troqué contre je ne sais quels tours administratifs. On a même assisté dans ce
pays au fait qu’un grand intellectuel
ait pu faire disparaitre une bibliothèque départementale jusque parce qu’il
fallait des bureaux pour une institution budgétivore, si médiatrice soit-elle.
Sur le plan
économique, il est de notoriété publique que le coton était la fierté de ce
pays sur le plan international, et qu’en l’absence de l’or noir, nous avions
notre or blanc, pour lequel des plus values étaient distribués aux paysans
après chaque récolte, suivi de baptême d’air.
Comment demandez à
un peuple de ne pas être nostalgique de ces périodes alors qu’actuellement,
c’est à cause de ce même coton qui faisait notre fierté que le nom du pays est entraîné
dans la gadoue. Qu’une affaire de tentative d’empoisonnement survienne
maintenant avec tant d’incohérences ne doit surprendre personne. Le peuple
n’est pas amnésique, et bien des raisons sont fournies par le pouvoir pour en
douter. Car, c’est ce même gouvernement qui a été capable de nous déterrer un
cadavre plus court que le corps d’un disparu.
Que la presse
internationale, RFI, AFRICA 24, Jeune Afrique, L’intelligent, et même AL
JAZZERRA se mêle de cette affaire pour racornir davantage l’image déjà peu
flatteuse que nous avions, je trouve que c’est assez grave.
Nous avons
pourtant des intellectuels dans ce pays. Que tous ceux-là parce qu’intéressés,
se laissent aller à un silence de mort, je pense que nous allons à une grande
dérive.
Que gagne le
gouvernement à s’embrouiller avec tous les hommes d’affaires ? Martin
Rodriguez, Sébastien Adjavon, Patrice Talon et Dieu seul sait le prochain sur
la liste.
Quand on sait
qu’en pleine négociations syndicats-gouvernement, on a été en mesure d’enfermer
un grand responsable syndical pour défaut d’assurance alors qu’il n’a pas tué
et qu’on ne lui a réclamé que soixante quinze mille francs CFA (environ 115
euros ) seulement, on est sûr que quelque chose se trame et le peuple doit
rester vigilant.
Je ne donne pas la
communion non plus à ces hommes d’affaires, sans confession, mais je dis que si
effectivement, c’est par rapport à une
révision constitutionnelle que tous ces remous arrivent, ce serait de l’eau
versée sur le dos du canard. Le tout puissant
Kérékou de l’époque a échoué. Ce n’est pas maintenant, un menu fretin qui
réussira à faire changer de position à tout un peuple, attaché à une
démocratie, obtenue au prix de vies humaines.
De toute façon, si
des gens qui ne jurent que par la Bible, s'associent à des histoires si grotesques,
ce n’est plus le peuple mais Dieu lui-même qui règlera leur compte au nom du
peuple.
Vivement que la justice puisse rapidement nous éclairer
afin que les lambeaux de dignité qui nous restent, puissent être recollés. A temps.
Redonnez-moi mon nomAgence Sud
Presse/ Anicet Fyoton MEGNIGBETO
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